samedi 14 juillet 2012

JAPON 2012 - JOUR 1

Une vitre me sépare encore des merveilleuses vues qu'offre le pays, 
mais bon sang … j'y suis enfin ! 


Un sourire permanent aux lèvres, j'ouvre grand les yeux sur la campagne qui défile. Narita se trouve à une soixantaine de kilomètre de la capitale, dans la province de Chiba. Comme dans tous les lieux que je découvrirais au Japon, ces campagnes se caractérisent par un relief marqué, avec ces chaînes de hautes collines  / montagnes qui découpent l'horizon et l'animent d'un vaporeux manteau blanc. Spectacle formidable de ces jeux de nuages dans lesquels, plus d'une fois, j'ai cru reconnaître un sage, un dragon, un yokaï. 
Le vert également. Partout, forêts denses, rizières et bambous exhibent leurs couleurs et la souplesse de leurs tiges agitées par le vent à ceux qui veulent bien y prêter attention. L'eau est également omniprésente. Rivières, lacs, mer, pluie … Elle jaillit de la moindre pierre, courre entre les racines, entoure les plus beaux monuments et bouillonne dans les carrières de soufre. Et malheureusement pour moi, elle tombe aussi du ciel assidûment lors de la saison des pluies qui marque le début de l'été. 
Des habitations clairsemées ponctuent ce décor luxuriant. Toits traditionnels en pentes incurvées aux tuiles vernies bleues, vertes, noires, tellement brillantes qu'on les croirait posées la veille.  Plus on se rapproche de Tokyo, plus les habitations se concentrent, se simplifient, s'enlaidissent. A la périphérie, de très hauts buildings, tels d'énormes ruches rectangulaires, doivent bien accueillir des milliers de personnes. On construit même des HLM pour voitures ! Le Japon est une île. L'espace y est compté. On construit donc en hauteur. Les logements sont très petits et le moindre espace est utilisé, reconverti, à l'image de ces box à vélos qui comblent les arcades supportant le métro aérien. 

Tokyo est en vue, mais très vite l'Express plonge dans les souterrains, coupant court à mes observations géographiques. J'arrive enfin à bon port.

ASAKUSABASHI - ANNE HOSTEL

Le grand jeu du « Gaijin dans le métro » est ouvert ! J'ai quelques souvenirs de ma précédente expérience et rapidement je trouve mes repères. L'auberge de jeunesse ANNE HOSTEL se trouve dans le quartier d'ASAKUSABASHI. Via la JR Line (Yamanote Line puis Sobu Line), j'y suis en quelques minutes. J'embrouille le contrôleur au guichet, n'arrivant pas à sortir des portiques, le montant de mon ticket n'étant pas correct. Enfin à l'air libre (Edo Dori, le nom du boulevard), je regarde autour de moi, plans à la main. Beaucoup de boutiques de perles synthétiques brillantes et de poupées traditionnelles. Bien entendu je me plante de direction, erre quelques minutes le long d'un canal, découvre une prometteuse petite loge-restaurant en bord de quai, me fait aider par un employé de livraison (black), et finalement trouve le chemin de l'auberge, guillerette, rassurée, même pas fatiguée.

L'auberge ANNE HOSTEL est idéalement située, à proximité d'une station bien desservie, à 10 min à pied d'AKIHABARA, dans un quartier de petits restaurants et magasins qui longent la ligne de métro, forts chaleureux la nuit venant.  Occupant tous les étages d'un petit immeuble, l’accueil se trouve au dernier niveau. On enlève bien entendu ses chaussures avant d'entrer, ce qui  provoque,  les jours où l’hôtel est complet, un raz de marée de tongs, crocs, baskets crevées et autres godasses fatiguées, qu'on imagine avoir traversé le monde entier. Considérez qu'une miss comme moi arrivait à laisser là trois paires de pompes … Imaginez un peu le spectacle.
 
Bibi m'accueille toute sourire, me fait visiter chambre et salle commune. J'ai opté pour une chambre pour 3 personnes, de type traditionnel. Le mobilier se résume aux tatamis, futons et un petit chevet. Tout cela est charmant, largement suffisant et exactement ce que je cherchais. Une salle de bain par étage, avec une baignoire qui à elle seule me fait exploser de joie. Je prends quelques minutes pour souffler, m'installer, et décide, malgré la fatigue, de sortir faire un tour. J'aurais dû m'abstenir ! Pensant pouvoir rejoindre ASAKUSA, UENO, ou encore AKIHABARA sans trop de difficulté, je ne vais au contraire que m'éloigner de ces différents points, plus j’essaierais de les approcher. Comme si les rues me jouaient des tours et faisaient reculer ces quartiers au fur et à mesure que j'avançais.

AKIHABARA
Je me perds donc, peste, m'épuise, rebrousse chemin, reprends ma carte, à l'endroit, à l'envers … Merde ! 


A force de tourner en rond, j'arrive finalement à AKIHABARA, le quartier électronique où on achète/optimise son ordinateur par petits bouts, trouve le dernier gadget USB, rend son Iphone unique. C'est aussi un coin connu pour ses Maid Cafés, dont la promotion est faite par les célèbres jeunes japonaises déguisées en soubrette. 

La nuit tombe … les lumières s'allument ! J'en prends plein les yeux, une nouvelle fois. Chaque boutique rivalise en spots hypnotisant, en lumières aveuglantes, en maids beuglantes. C'est à qui te tapera le plus dans l'oeil, te crèvera le plus les tympans, te tentera le plus par ces affiches dérangeantes de très jeunes filles aux atouts démesurés. Je remonte CHUO DORI, m'arrête devant la station Suehirocho, et décide de m'en tenir là pour aujourd'hui.  


Sur le chemin du retour, je me souviens d'un bar à sushi à l'angle du Big Apple (boîte à Pachinko), juste à l'ouest de la gare d'AKIHABARA. Je prie pour qu'il soit toujours là. Prières exaucées ! Je rentre comme à la maison, accueillie par une formule de politesse que je ne saisi pas, phrase qui rebondira de chef en chef. Je m'installe au comptoir et dévore des yeux le spectacle des petites assiettes mouvantes. Tout à l'air excellent ! Le chef au centre de la ronde officie en silence et alimente régulièrement le tapis électrique de ses fraîches confections. Je prends une première assiette, puis deux, puis trois … J'essaye de retourner le sushis dans ma bouche, pour que le poisson soit en contact avec ma langue. J'ai l'air con, mais quel délice ! Le poisson fond et caresse les papilles. Je pourrais hurler de plaisir ! Au bout de six assiettes, je suis repue et émue aux larmes. J'attends encore un peu, bois un thé vert en poudre (matcha), écoute mes voisins sans les comprendre (la majorité des clients sont des hommes), me dirige vers la caisse et m'en sort pour un prix ultra modeste si on considère la qualité des produits.
 
Je rentre à pieds, confiante dans ce sens de l'orientation qui m'aura pourtant joué des tours précédemment, et rentre à l'auberge sans encombres, guidée en fin de parcours par un officier de régulation du trafic prévenant et bardé de lumière.

Mon futon déjà prêt pour le dernier atterrissage. 


Bonne nuit petite gaijin !

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