samedi 14 juillet 2012

JAPON 2012 - DEPART IMMINENT

Dans la vie on naît, on meurt,
et entre les deux ...

... oui je plagie, mais vous propose de m’accompagner dans cet entre-deux rempli cet été 2012 de la plus belle manière.

Lundi 5 mars

3h du matin. J’appuie sur la touche « Envoyer ». Je l’aurai bien rebaptisée autrement cette touche : « Choix » « Au revoir » « Libération » « Va te faire foutre implacable tyran » ... Cette nuit je me sépare de mon amant. Je me libère d’un joug écrasant et initie une remontée à l’air libre. Cette nuit, je donne un grand coup de pied au fond de la piscine, impulsion aux airs d’automutilation déchirante mais nécessaire. Me couper un bras, mais me sauvegarder.
 
Mon sauf-conduit
Impossible de dormir. Le jour ne se lève décidément pas. Mon coeur bat fort, le sang cogne sur mes tempes. Je suis bouleversée. Abasourdie. Anéantie. Je veux pleurer. Rien ne sort. Je suis écœurée, dans le sens propre du terme. Sans coeur. Froide. Morte. Soudain, ce tumulte s’arrête. Quelque-part dans la nuit, un crépitement, une petite musique, le bruit d’une porte qui s’ouvre... Je voyage depuis un certain nombre d’années, en Europe principalement. C’est un plaisir. Une émotion. Un goût. Mais nul voyage n’aura eu l’impact émotionnel que ce premier rendez-vous pris avec le Japon en 2010. Ce fut un choc. Un rêve éveillé qui durera une trop courte semaine. Je m’étais promise d’y retourner. Encore. Ce soir, je décide de commander mon billet pour Tokyo. J’appuie une nouvelle fois sur la touche « Envoyer », qui cette fois-ci pouvait se lire « Euphorie » ou « Ataraxie ».

C’est dit, je pars au Japon !

Mardi 26 juin

Quatre mois se sont écoulés. Je pars seule, avec un programme ambitieux : Tokyo, Kamakura, Hakone, ascension du Mont Fuji, et Kyoto pour finir. Six hébergements différents. Une nuit où je ne sais encore où je dormirais. J’aviserais pour les transports sur place. Pas de progrès dans ma maîtrise du japonais. Il faut croire que la technique d’apprentissage sur Nintendo DS n’a pas su me motiver. Excitée mais pas angoissée. Pas comme mes proches qui se demandent bien quel mouche m’a piqué en décidant de voyager si loin, si seule. Je me sens prête. Je brûle d’envie de fouler à nouveau ces terres chéries. Il est 8h du matin, je m’arme de ma valise et démarre ma fantastique aventure.
 
Colourful
C’est presque avec déception que je ne rencontre pas de galères particulières ce matin. Juste ce vernis à ongles trop frais qui collera à mes chaussettes toute la journée. Ma tenue est « presque » adaptée au voyage : je suis à poil mais j’ai au moins eu la présence d’esprit de ne pas mettre de talons hauts. Dans le métro, les parisiens vont travailler. Ils sont à des kilomètres de ce qui se bouscule dans ma tête à cet instant. J’ai débranché ma prise secteur. Je quitte ce rythme de fou, et m’apprête à matérialiser cette distance par quelques milliers de kilomètres.

Je reçois quelques messages de mes proches qui finissent d’emplir mon cœur d'allégresse. A l'aéroport Charles de Gaulle tout se déroule parfaitement. J’attends que mon vol s’affiche, devant une assiette en carton sur laquelle je gribouille. Mon manège intrigue un asiatique aux cheveux d’argent assis juste en face. Il se met à me dessiner, au fusain qui plus est ! Je fais semblant de ne rien avoir vu.
 
Embarquement immédiat
J’embarque dans un Airbus de la compagnie russe Aeroflot. La Tristesse de Chopin résonne dans le cockpit. Un signe. J’avais offert une petite boîte à musique à mon ex-tyran qui diffusait ce même morceau. J’y pense ... et puis j’oublie.
 
A ma droite s’installe un français d’origine asiatique photophobe et agité. A ma gauche, une sorte d’avocate en partance pour la Mongolie. Nos contacts se résumeront à quelques sourires pincés lorsqu’il fallait se chevaucher les uns les autres pour s’extraire de nos sièges. Les hôtesses sont vêtues d’un orange franc, toutes aux yeux clairs et froids, ce qui me rappelle Dorota, une artiste croisée dans mes années « galeries » à Paris. Je gamberge sur la définition du type « russe », mi asiatique, mi scandinave, cette rudesse, cette ossature, ces joues, ces lèvres pulpeuses. La femme de la rangée d’en face en est le parfait exemple. Mais bon sang qu’elle arrête de gesticuler ! A couvrir impudiquement son mari de baisers piquants...

Quatre heures de vol me séparent de l’escale à Moscou. Petite suée lorsqu’il fallu se présenter au bureau des transits, le billet fourni à Paris n’étant pas reconnu par les autorités moscovites. Je parviens à me procurer le bon pass et à franchir les portes. Je n’ai pas très envie de me lier aux autres. J’observe mais je suis en priorité à MON écoute. Là, une beauté slave aux jambes interminables, scandaleusement élégante, d’une pudeur révoltante. Gate 20, un jeune étudiant en littérature à la Sorbonne dragouille une japonaise maladroitement. C’est mignon. C’est agaçant.
 
Gundam wings ... ou presque
J’embarque. Une jeune fille aux cheveux emmêlés échange sa place à coté de moi avec un jeune japonais qui sera mon compagnon pendant tout le vol. Il s’appelle Keita et revient au pays après plusieurs mois de travail en Europe, suivant la tournée d’un festival de cinéma (ou de théâtre, je n’ai pas bien saisi). Plutôt beau garçon, il est souriant, décontracté, prévenant à outrance, et parle très bien anglais. J’avais repéré ce garçon qui écrivait en japonais sur un carnet lors du précédent vol. Un petit dessin représentant Jack l'Épouvantail de Tim Burton avait piqué ma curiosité, et j’ai supposé qu'il commentait la visite de l’expo à Paris. J’avais vu juste ! Keita est triste de rentrer. Il habite à l’Ouest de Tokyo (Nakano), dans un petit 20m² dont il est propriétaire, et ne se voit pas vivre/travailler au Japon. Il déplore le système. Je regrette de ne pas lui avoir demandé d’expliquer cette phrase. Il se faisait déjà tard, j’étais arrivée au bout de ma capacité d’écoute. Nous nous promettons de nous revoir, avec au programme la découverte d’une gamestore gigantesque où satisfaire ma soif d’action figure et autres japoniaiseries, le Mandarake Galaxy.

Mercredi 27 juin

Le célèbre message d'accueil
Bien entendu j’ai très mal dormi. Ai-je dormi d’ailleurs ? L’avion avançant dans la nuit, j’ai assisté à de nombreux levés de soleil, mais de nuit je n’ai pas eu. Déboussolée, mal assise, je serais presque inquiète. Je crains d’avoir perdu l’excitation de la nouveauté, les palpitations qui m’animaient lors de ma première croisière. Serais-je devenue insensible ? Je ne saurais le supporter. Nous arrivons doucement à l'aéroport de Narita, 10h30 heure locale (7h de décalage avec la France). Je passe l’immigration avec une déclaration remplie au stylo rose. Quoi ça ne vous va pas ? Le pays du kawaï n’accepte pas de documents officiels pastels ? Je retourne à la case départ, fais mes adieux à Keita et fonce vers la première cabine fumeur qui se présente, déjà occupée par une horde de petits français en manque. Notre réputation est sans failles ! Je prends le Narita Express qui me conduit à Tokyo en 30 minutes.

Tokyo me voilà !

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