Une tranche de pain de mie XXL et un café à l'eau engloutis, je veux me mettre en route aussitôt que possible … mais où ?
Par quoi commencer ? Par me défaire d'une petite angoisse : l'ascension du Mont Fuji. Afin d'avoir le maximum d'informations, quoi de mieux que l'Office de Tourisme ! Comme il se trouve près de la gare de Tokyo, ça me permettra ensuite de visiter le Parc Impérial, peut-être pourrais-je même visiter le palais ?
Je prends donc le métro, pleine d'espoirs. Je me retrouve dans un quartier d'affaires pourvu de gigantesques tours de verre. Je suis l'itinéraire au dos du plan, qui indique l'adresse du TIC. Je me perds encore. Ces buildings sont trop grands. Ma carte pas assez précise. J'arrive finalement devant une tour, après avoir longé une artère sans attraits, franchi un tunnel sombre, dépassé plusieurs parkings … bref, un parcours tout sauf pittoresque. J'entre. Il faut maintenant aller au 9e étage. Pas pratique pour un touriste perdu qui cherche de l'aide. Je commence à me demander si … si je ne me serais pas trompé d'adresse ? Eh bien si Agnès, tu te trouves juste au siège de l'éditeur qui a imprimé la carte que tu consultes actuellement !! C'est comme se retrouver au siège social de la RATP alors qu'on cherche juste des infos sur le pass Navigo. Quel boulet.
Penaude mais amusée par ma propre bêtise, je rebrousse chemin et trouve enfin le bureau de l'Office, dans un quartier limitrophe bien plus chic, où des enseignes de luxe rivalisent d'arrogante sobriété : Marunouchi.
Deux dames élégantes m’accueillent avec une joviale politesse. Une grande, une plus petite, toutes deux âgées d'une cinquantaine d'années, répondent à mes questions mieux que je ne l'aurais imaginé. Elles me fournissent toutes les cartes, tous les horaires de trains, me donnent de bons conseils, me proposent de prendre en charge le moindre détail … Tant et si bien que je me retrouve lestée d'un monceau de paperasses incroyable, et malgré tout indécise quand à la faisabilité de ce projet. D'ailleurs je ne tarde pas à laisser tomber ce rêve fou. Pourtant cet échange n'aura pas été vain : au delà de leur sens aigu du service, de leur prévenance, ces deux dames furent très heureuses d'échanger et rire avec moi. Avant de les quitter, elles m'offrent une petite grue en origami que je conserve encore aujourd'hui. Je leur en suis reconnaissante, et me dirige à présent vers le jardin impérial.
Penaude mais amusée par ma propre bêtise, je rebrousse chemin et trouve enfin le bureau de l'Office, dans un quartier limitrophe bien plus chic, où des enseignes de luxe rivalisent d'arrogante sobriété : Marunouchi.
Deux dames élégantes m’accueillent avec une joviale politesse. Une grande, une plus petite, toutes deux âgées d'une cinquantaine d'années, répondent à mes questions mieux que je ne l'aurais imaginé. Elles me fournissent toutes les cartes, tous les horaires de trains, me donnent de bons conseils, me proposent de prendre en charge le moindre détail … Tant et si bien que je me retrouve lestée d'un monceau de paperasses incroyable, et malgré tout indécise quand à la faisabilité de ce projet. D'ailleurs je ne tarde pas à laisser tomber ce rêve fou. Pourtant cet échange n'aura pas été vain : au delà de leur sens aigu du service, de leur prévenance, ces deux dames furent très heureuses d'échanger et rire avec moi. Avant de les quitter, elles m'offrent une petite grue en origami que je conserve encore aujourd'hui. Je leur en suis reconnaissante, et me dirige à présent vers le jardin impérial.
Encore entourée d'imposants buildings dressés vers le ciel, j’aboutis brutalement sur un horizon vert et totalement dépourvu de constructions. Je franchi un premier terre-plein entouré de douves. Un héron s'y mouille les pieds. Incroyable poésie cohabitant avec l'urbanisme ultramoderne. J'assiste alors à un drôle de spectacle : quatre hommes et une machine, je suppose là pour ramasser les rares déchets semés par le vent (ou les touristes américains sans manières), avancent lentement le long de la route. Le premier signale l'existence du convoi en soufflant dans son sifflet. Le second pousse le volant. Le troisième brandi un drapeau qui délimite la zone d'intervention. Le dernier ferme la marche en brandissant un bâton rouge.
...Quatre personnes...
...Pour ramasser des feuilles...
Je serais témoin maintes fois dans mon voyage de ces surprenants emplois
d'intérêts généraux, occupés la plupart du temps par des personnes d'un
certain âge, tâches de nature si anecdotique qu'on se demande quelle en
est l'utilité. Le plein emploi. La multiplication des petits jobs pour
assurer sa retraite, ou sa survie ?
Ce curieux cortège derrière moi, j'arrive devant l'entrée du palais impérial, superficiellement gardée par deux officiers droits comme des i, et par de banales barrières en métal indiquant « no entry ».
Pas d'entrée.
Ça tombe bien je n'avais pas particulièrement envie de visiter le palais. La plus grande partie n'est pas accessible au public à l'exception des jardins de l'Est. J'apprends plus tard que l'intérieur du palais n'est ouvert au public que deux jours par an, le jour de l'anniversaire de l'empereur (23 décembre) et pour le Nouvel An (2 janvier). Je contourne donc ces sens interdits et rejoins les jardins de l'Est vanté par mes deux élégantes. Là encore, une impasse m'attends. Rien qui n'éveille ma curiosité, ni me fasse soupirer. On me donne un petit jeton en plastique à l'entrée du parc, qui sera à rendre à ma sortie, comme dans une fête foraine ! Je pousse la balade encore plus loin, vers la dernière partie du jardin, Kitanomaru Garden... Là encore, rien ne se passe. Si. Un congrès dans une salle de spectacles aux allures de temple-dojo, dont les sorties sont veillées par un essaim de japonais tous vêtus à l'identique, noir et blanc. Flippant.
Je sors enfin du désert vert, pour arriver au sanctuaire shinto Yasukuni, connu pour son hommage (culte divin même) aux soldats japonais morts entre 1868 et 1951. Polémique élévation. A cet instant je ne sais rien de tout cela, et j'arpente sans conviction l'allée principale qui commence à se parer de lampions. Il commence à y avoir trop de vide et de gris dans cette matinée. Je presse le pas, fais la moue devant la façade du temple (qui ne méritait pas cette grimace), sors du sanctuaire et me rue vers la bouche de métro la plus proche (Ichigaya).
Direction Shinjuku, avec la certitude qu'un peu de plus de « fun » m'y attend.