dimanche 6 mai 2012

Barcelone – avril/mai 2012 - JOUR 1


SAGRADA FAMILIA (1) - Portail de la Passion

Vite ! Un truc à se mettre dans le ventre ! Nous croisons à nouveau ce duo de voyageurs un peu perdus, qui, quel hasard, séjournent dans la même auberge que nous ! Nous ne nous en soucions pas plus et partons en quête d'un breuvage chaud et d'un siège où choir.


De part et d'autre de l'avenue (Passeig de Gracia) s'élèvent deux énormes réverbères, que je qualifie volontiers de potences par leur aspect imposant, métallique, presque agressif . Ces structures sont l’œuvre de l'architecte Pere Falqués i Urpí, qui habilla tout Barcelone de ses créations singulières au début du XXe siècle.

P'tit déj avalé (serveuse pas très aimable, mais clientes certainement pas mieux lunées), nous reprenons le metro (linea 2) direction … la basilique de la Sagrada Familia.


Premier coup de poing rétinien ! On la connaît bien cette vue aérienne du monument en construction, avec ses flèches qui n'en finissent pas, cet aspect boueux, cette couleur terre, l'enduit grumeleux, les reliefs grouillants, figures indéfinissables, le farfelu, le pharaonique de l'entreprise qui ne connait de fin, la démesure, l'ubris

Tout cela se vérifie et se dépasse en un battement de cils ! Nous sommes sorties du côté du portail principal, l'entrée supposée du monument. Or la basilique est ouverte au public sur son flanc gauche. Ne comprenant pas tout de suite comment accéder au ventre de la bête, nous allons et venons bêtement devant les grilles fermées, puis enfin nous nous décidons de demander de l'aide à un très joli gardien (aka Miguel). Toutes ragaillardies par ce genre de sourire qui suffit au bonheur de toute femme, nous contournons l'étrange construction, en apprécions les dimensions, les matériaux, la folie.

La file d'attente ne sera pas bien longue. L'entrée est chère (13€). Mais ça en valait mille fois la peine. 

   
Le porche du transept gauche (façade de la Passion) est très différent de celui l'entrée principale (façade de la Nativité). Il ressemble fortement aux trépieds d'un vaisseau spatial qui aurait fait halte là. Des échos de Moebius ou Miyazaki... Agnès, tu sombres dans l'anachronisme ! Je mets de côté ses associations antichroniques et regarde ce que j'ai devant moi avec un seul mot à la bouche : tranchant ! De grandes arêtes obliques font office de colonnes et se fichent droit dans le sol. Les sculptures sont brutes : pas de naturalisme, les visages sont carrés, les silhouettes grossièrement découpées, les angles droits et polis. Tout est aigu. Rien n'est rond, diligent. La lumière ne glisse pas sur ces formes : ça sera noir ou blanc, lumière ou obscurité. Ce matin là, la façade est particulièrement blanche, presque aveuglante.



Les figures des soldats attirent mon attention. Cagoulés, rigides, il fichent la frousse. Un particulièrement, sur son cheval, massif, imposant, pétrifiant. Je remarque un peu partout des symboles, qui seront expliqués plus tard dans le musée au sous-sol. On sent qu'il y a un message codé, qui va au-delà des vertus théologiques de l'ensemble.


Dernier haussement de sourcil avant d'entrer dans l'édifice : un Christ à la colonne, en guise de trumeau ; idée incongrue et géniale !

samedi 5 mai 2012

Barcelone – avril/mai 2012 - JOUR 1

DE LA GARE AU PASSEIG DE GRACIA

Nous n'avions pas minutieusement préparé ce petit voyage. Quelques cartes imprimées, un guide acheté mais peu consulté, douces imprécisions qui laisseront place aux surprises, au hasard, aux errances chargées de ce sentiment que j'adore : la liberté.

Nous voici donc « libérées » des wagons noctambules, à chercher le chemin de notre première auberge de jeunesse. Deux jeunes backpackers indécis nous demandent la direction du métro le plus proche. Inversion des rôles, c'est nous deux qui suivrons ces deux garçons que nous nommerons bêtement Apu et Milooze.


Station Barceloneta, ligne 4, arrêt station Passeig de Gracia.

Le temps est gris. Nos pulls et vestons ne sont pas de trop. En sortant du métro, nous écarquillons déjà les yeux. De grandes artères. De larges trottoirs. Je surnomme ce quartier les Champs Elysées barcelonais. Point de repère insolite (et girly) : l'énorme boutique Zara au croisement de la Gran Via de les Corts Catalones. Nous remontons tranquillement la rue, faites d'hôtels de luxe et de boutiques tendance. Tiens ? La Bourse porte de drôles de stigmates … de grosses tâches de peinture vive sont encore visibles. J'ai trouvé ce qu'il s'était passé ici, le 15 octobre dernier et très certainement à maintes occasions, lors de manifestations des syndicats et autres groupes de protestation locaux.

http://www.3viajesaldia.com/fotos-de-las-manifestaciones-del-15o-occupywallstreet/protesta_bolsa_barcelona_15o/

Que les façades sont riches ! Alambiquées, faites de balcons-bulbes, de vérandas protubérantes, de pinacles délirants, le tout dans un mélange de styles alliant médiéval, art-nouveau, colonnes grecques, verre, fer forgé, briques … Cette impression est à son paroxysme devant la Casa Battlo, devant laquelle se pressent déjà des curieux. Nous ne la visiterons pas, mais vu de l'extérieur, cette maison de Gaudi, emblématique, concentre tout le génie onirico-fanatique de l'artiste et le profond sentiment de liberté, d'humour, d'audace, de rêve, qui se dégage de chaque pierre de cette cité fabuleuse.

Notre promenade s'arrête au croisement de la Carrer de Valencia, où nous nargue le prétentieux Hotel Majestic, que nous dépassons vite pour rejoindre l'entrée de l'auberge de jeunesse Lenin Hostel. Celle-ci nous surprend agréablement par sa beauté. Nous ne nous attentions pas à tant de fioritures : hall en pierre polie, vitres décorées, ascenseur flambant neuf … Subjuguée, on se trompe d'étage ... Hélées par le gérant de l'auberge qui nous fait signe de descendre d'un cran, nous trouvons enfin la bonne porte. Nous posons nos affaires dans un petit réduit digne de confiance. Rien à signaler sur cet hôtel qui se résume pour le moment à un couloir peu éclairé. 

Débarrassées de nos poids, nous pouvons enfin nous restaurer et commencer notre aventure … Olééé

Barcelone – avril/mai 2012 - NUIT 1


TRAIN DE NUIT

Emy concentrée
Par soucis d’économie, Emilie et moi avons opté pour le train de nuit pour nous rendre à Barcelone, sur la compagnie RENFE, SNCF locale. C’est la première fois que je visiterais la ville. J’en ai entendu parler cela va de soit. En bien. En très bien. Dernier témoignage en date, celui d’Alexis, qui a succombé à la belle espagnole et décida d’y élire domicile. On dit que tout y est plus simple, plus libre, plus chaleureux, à échelle humaine, une ville à la plage, un paradis à portée de main. J’empoigne mon sac et compte bien vérifier la légende par moi même.

20h20 : le train démarre. Pas de couchettes mais des sièges inclinables, inconfortables en position assise, guère mieux en version « semi inclinée ». Nous mangeons un frichti monopéen, échangeons quelques espoirs, des nouvelles de notre semaine de travail, puis ma compagne et moi-même sombrons bientôt dans un sommeil qui ressemblera péniblement à ces assises modulables : dur, ni bon ni mauvais, courbé, usé.

6h30 (+1j) : Je fais cesser cette nuit en pointillés, perturbée par une voyageuse malade et mon insolente vessie, et profite du spectacle des campagnes catalanes embrumées. Quelques clochers de briques s’élèvent. Nous faisons une escale à Gerone et arrivons bientôt à la Gare de França, Barcelone.

Gare de França - 8h15