AL PRESIDENTE - Via in Arcione
Une rencontre pourtant fera mon bonheur en cette fin de voyage morose.
Je ne voulais plus voir de Rome que ce qu'elle dissimulait : les murs sales, les vieilles affiches, les portes closes... Le sans intérêt me reposait.
Je tombe alors sur une devanture dont les portes, entre-ouvertes, sont couvertes des macarons colorés de divers guides, label, marques .... Routard 2010/2009/2008, Petit Futé, Lonely Planet, Guide Michelin, pour ceux que je connais ...
Intriguée par ces lauriers et l'apparente modestie de l'échoppe, je franchis le seuil de ce qui me semble être un restaurant. Sur la porte, des horaires d'ouverture. J'arrive trop tôt.
Je surprends un homme derrière le bureau d'accueil. Je m'excuse :
"Pardonnez-moi, je sais que vous n'ouvrez qu'à 13h30 mais je n'ai pu m'empêcher d'entrer. Vous auriez une carte du restaurant que je puisse me souvenir de vous ? Vos références sont impressionnantes ! J'aimerais beaucoup revenir un jour pour goûter votre cuisine."
"Merci mais malheureusement nous fermons pour les congés d'été. Attendez je vais vous trouver une carte. Il doit en rester une quelque part... Ah mince je pensais qu'il m'en restait une ... nous remisons tout en fin de saison ... mince ... attendez une minute ... "
Là il farfouille dans les piles de paperasses amassées plus ou moins soigneusement devant lui, ce qui me laisse le temps d'apprécier les lieux. La salle est d'une rare simplicité ; on imagine bien que la déco, elle aussi, était d'ores et déjà "remisée".
J'entends alors, imperceptiblement, une légère mélodie connue. Je tends l'oreille, ne prêtant plus aucune attention au pauvre réceptionniste maintenant à genoux sous son bureau, qui, dépité, arrachait la feuille d'un carnet qui trainait là pour noter à la main le nom du restaurant et son numéro de téléphone.
"Tchaikovsky" m'écriais-je ! "Mon concerto favori", celui que j'ai écouté en boucle cet été.
Il lève les yeux vers moi, incrédule. "Vous connaissez ? "
"Oui je n'ai cessé de l'écouter ces dernières semaines ! "
Nous ne disons plus rien. Le mouvement se termine. Je quitte le bonhomme avec un grand sourire, son papier à la main et des airs de violons dans le cœur.
Ah j'oubliais ! Je suis passée à nouveau devant la Fontaine de Trevi, toujours aussi invisible derrière son rideau de bermudas et autres mini-shorts jamais très bien portés...
J'arrive trop tôt à l'auberge. Je patiente encore au bar, mais Agnès est déjà partie ; elle ne voit plus rien d'autre que le cadran numérique de son téléphone.
Le récit de mon retour est sans intérêt. Il n'y a plus de cœur, juste l'impression d'être ce mouton qu'on reconduit à la bergerie après qu'il se soit écarté du troupeau, pour quelques heures de douce liberté.
A bientôt Rome !
Je reviendrais mieux chaussée, mieux accompagnée, car il m'a manqué un complice lors de ce voyage, autre que mon petit carnet de poche, plus sage, moins impatiente, mais toujours avide et conquérante.
Ainsi se clos mon périple. Je l'agrémenterais de notes de temps en temps, lorsque que ressurgiront des souvenirs aujourd'hui endormis, ou des précisions nécessitant un récit moins linaire et anecdotique.
Al Présidente
Via in Arcione, 95
066 797 342
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