Première étape - Athènes - Jeudi 20 août 2009
7h01 - C'est heure ! Comme à chaque départ, je suis au comble de l'excitation, vérifiant par trois fois si je n'ai rien oublié dans ma petit valise à roulettes, le cœur battant, l'esprit déjà loin. Je me trompe évidemment de direction dans le RER devant m'amener à l'aéroport. Chemin rebroussé, je m'écroule sur la banquette du train, essayant de rassembler mes esprits et me concentrer sur deux jolis baroudeurs israéliens cherchant leur chemin. Du bon son dans les oreilles, la douce promesse d'un exil en terres inconnues, d'un baptême.
Que l'aventure commence !
9h10 - Embarquement immédiat ! La clim' me donne des frissons (le message d'au-revoir de l'un de mes prétendants également). Ça parle italien autour de moi, le voyage commence déjà dans le cockpit.
12h – Escale à l'aéroport de Milan. Je n'ai pas vu le temps passer. Je cherche désespérément une sortie pour fumer. Ouf enfin dehors ! Je suis devant les ARRIVAL GATES. Il fait chaud (34°), l'endroit n'est pas du tout confortable : entre les pots d'échappement, la fumée crachée par mes voisins chauffeurs de taxi, la moiteur du parking, il est dur de se détendre un peu. Observer le manège des employés de l'aéroport, des voyageurs pressés, ceux qui arrivent, ceux qui partent, ceux qui attendent, m'apaise un peu. J'aime lire ces mouvements dans les lieux de transit. On y observe une réelle palette d'attitudes, une galerie de personnages qu'on retrouve dans chaque aéroport, gare, station de taxi... Ce manège est certainement le dénominateur commun à tout voyage.
14h20 – Départ pour Athènes. Les autres voyageurs se diversifient : italiens, un couple de français, des Siths ... Mais Dieu que le voyage est long et incommode, j'ai si mal aux genoux (princesse, moi ?).
17h35 (non 18h35, décalage horaire oblige) - Je sors de l'avion comme un diable de sa boîte. Cette fois-ci pas besoin d'attendre pour fumer, on peut s'adonner à ce vice au sein même de l'aéroport d'Athènes, aux portes d'arrivée, ce qui rend l'atmosphère oppressante et crasseuse. A l'extérieur, je rend service à un allemand (cigarette + quelques indications sur la carte). Là un charmant chauffeur de taxi propose de me conduire au centre-ville. Rougissante (et méfiante), je n'ose accepter l'offre de ce taxi à la sauvette et lui préfère le bus X95, bondé et tellement moins séduisant. Direction « place Syntagma » (ou Stigmata, comme nous la surnommerons bêtement).
Premières impressions... Les grecs conduisent vite, mal, et bruyamment. Les femmes tout particulièrement. De la vitre du bus, j'aperçois les premiers reliefs : des monts généreux se découpant rondement sur un ciel lourd et brumeux. Une végétation sèche, faite d'oliviers et de figuiers. Presque instinctivement, je me rappelle du mythe fondateur de la cité antique. L'olivier, le cadeau de la déesse, qui devint l'un des piliers de l'économie du peuple athénien. Qui aurait cru que ce simple arbuste serait à l'origine du développement d'une si grande civilisation. Des enseignes publicitaires connues s'enchaînent rapidement, la ville approche. Je remarque dans ce paysage urbain dense des églises en croix grecque, de hauts et fiers palmiers, des taxis jaunes profilés.
Place Syntagma - photo Mmarta
Arrivée à Syntagma (plus d'infos ici - eng), le jour décline. Je dois retrouver mes amies à l'hôtel... mais avant cela je dois trouver un cybercafé d'où envoyer une lettre écrite quelques heures auparavant. C'est une question de vie ou de mort (on l'aura compris, elle s'adresse à un énième prétendant...) ! Cette mission accomplie, je m'engouffre dans un taxi avant que mes acolytes ne s'inquiètent.Je ne me souviens plus du nom de l'hôtel (Plaka Hotel peut être), situé non loin de l'Acropole. Établissement de standing : la réception fait « grand hôtel », la chambre est confortable et sa petite salle de bain sur-équipée. J'y serais bien restée plus longtemps, mais mes compagnes, m'ayant déjà assez attendu, me pressent pour partir dîner en centre-ville.
Dehors, la ville est sale. Nous sommes dans le quartier Plaka, ancien quartier très touristique, fait de petites ruelles parsemées de restaurants, d'échoppes et d'hôtels. J'ai l'impression d'être dans l'une des rues crasseuse et populaire de Paris, près de La Chapelle ou de Château Rouge, où seules les enseignes de snacks ou de vente cartes téléphoniques éclairent les trottoirs. Il n'y a pas âme qui vive, le temps est lourd, le chemin très peu éclairé, et le sol pavé est presque poisseux et glissant.
Nous rejoignons l'Acropole en métro. Quelle beauté ! Je la vois de loin, blanche et inaccessible. Mon imagination s'emporte, mon désir me tiraille le ventre. Je n'arpenterai ses marches que plus tard, mais à l'heure où je la regarde ce soir-là, un incroyable sentiment de frustration me fait presque venir les larmes aux yeux. Cachant mon trouble à mes amies, nous reprenons la route au sein des ruelles touristiques, évitant les chiens endormis assommés par la chaleur. Les boutiques sont emplies de babioles hypnotiques. Nous arrivons sur une petite place bondée, où les terrasses de restaurants jouent des coudes pour recevoir le maximum de pèlerins affamés. Les filles connaissaient déjà le petit restaurant où nous nous installons. Le serveur fait bien son travail, il est avenant et amusant. Nous commandons : salade grecque (concombre frais, poivrons, oignon rouge, olives noires, et une plaque entière de fêta) et Pasticcio (sorte de lasagne grecque ). C'est un régal ! Les filles me font un bref résumé de leur semaine passée sur les terres, et m'annoncent que nous prendrons le ferry demain aux aurores, et qu'il faut donc ne pas trop traîner ce soir.
De retour au Plaka, nous avons à peine le temps de profiter de l'incroyable vue depuis les toits de l'hôtel, aménagés en une somptueuse terrasse sur plusieurs niveaux, avec bar lounge et piscine.
Acropole de nuit, lors des incendies qui ravagèrent le paysquelques jours avant notre arrivée - Le Figaro
Je fume une dernière cigarette devant l'Acropole illuminée, flamboyante. J'aurais aimé faire durer cet instant éternellement, prolonger ma contemplation quasi religieuse jusqu'au ravissement.
Nota Bene : pour ceux qui auront reconnu, la petite chouette, logo des Editions Les Belles Lettres, reprend le motif d'un célèbre vase à onguents (aryballe) visible au musée du Louvre (voir)