4h00 - rue la Bruyère - Paris
Mon périple démarre sur les chapeaux de roue : je réalise hier, à minuit, que mes feuilles d'embarquement ne sont pas imprimées, et que, sans elles, PAS DE DÉPART POSSIBLE. Je ne panique pas longtemps, abattue, trop avinée après un sympathique pot avec mes comparses Al et Em.
Me voilà donc debout à 4h du mat', dans le vague, à rassembler mes derniers bagages et mes esprits, autant que faire se peut. J'ai mal au crâne, j'ai le ventre noué d'envie, d'excitation, d'angoisse ...
J'ai certainement dû rêver que je loupais l'avion ...
C'est « bruchinguée », mais pas maquillée, que je sors de chez moi prestement, direction le N01, le premier Noctilien jamais utilisé depuis leur mise en place en 2005. Je dois avoir l'air drôle avec ma jupe à poix blancs, ma croix au cou (grigri qui ne me quittera pas du voyage), ma valise à la main, dodelinant péniblement, avec mes jolies ballerines à rubans. Quelques noctambules fatigués remarquent ma drôle de cadence, et s'amusent un peu.
Arrêt Moncey. J'arrive, en sueur, dix minutes trop tôt. Dix longues minutes à trouver la pause qui me fera le moins passer pour une prostituée... Malgré mes efforts, deux voitures s'arrêteront. « On m'a dit qu'un bonbon m'attendait à l'arrêt de bus, et je te trouves là, si c'est pas le destin... ». Je les éconduis le plus diplomatiquement possible, en scrutant désespérément l'arrivée du Noctilien.
J'arrive à la Gare du Nord à 5h05. Je me rue vers mon bureau (ah oui j'oubliais : ne pouvant le faire de chez moi, la seule solution était d'imprimer au bureau. Seul hic : point de métro à 5h du mat, mon bus pour Beauvais partant à 6h pétantes Porte Maillot... donc Noctilien, donc galère, donc p**** de m*****...). Quelle étrange sensation. Se retrouver la nuit à mon poste, ça fiche le bourdon. Brrrr. Je dois aller le plus vite possible, mon temps est compté. En deux temps trois mouvements mes feuilles sont sorties, je prends une photo de moi que je publie sur FB, et me revoilà dehors à 5h25.
Je prends du cash, monte à Stalingrad, et hèle le premier taxi que je trouve.
C'est là que commence mon voyage ...
« J'ai plus que besoin que vous m'ameniez Porte Maillot Monsieur » ai-je déclamé, à bout de nerfs. La préciosité du terme a fait rire le chauffeur. « On ne me l'avait jamais faite celle-là! ». Le parcours se fera dans un silence complice. Il me dépose right on time au Parking Pershing porte Maillot, me remercie pour « l'agréable compagnie », je me confonds en remerciements maladroit et fonce vers le guichet.
6h15 – le bus démarre
Le soleil n'est pas encore levé, et moi, je pique dangereusement du nez. Mon voisin échange quelques messages avec une « Louise ». Il ne pourra donc m'aider à combattre le sommeil. Déjà, je veux garder les yeux ouverts le plus longtemps possible pour m'imprégner toute entière du mouvement, des vues, des autres, du Voyage ...
Passées les voies très urbaines, grises, polluées (oh .... une péniche, près de Suresnes, fend l'eau avec une molle douceur. Dans mon demi-sommeil, je trouverais presque cela gracieux),
nous circulons maintenant sur de dangereuses voies embrumées par les vapeurs qui se dégagent des cultures bordant l'autoroute. C'est fantomatique ! Une nappe blanche recouvre tout. Le soleil, neuf et rougeoyant il y a quelques minutes, s'est changé en un pâle globe impuissant.
On n'y voit rien à cent mètres....Le chauffeur ralentit le pas.
7h30 - L'aéroport est en vue
Je me pose à un snack, avale le pire muffin de l'univers, accompagné du pire jus de chaussette de la galaxie. Les vols sont quelque peu retardés. La brume recouvre les pistes d'atterrissage.
Rien de particulièrement remarquable dans les files qui se pressent aux portes d'embarcation : un couple de Death Metalleux en partance pour Oslo (so cliché), une grande perche qui ressemble beaucoup à la soeur d'Al, une vieille dame, coquette, qui exprime un peu trop son inquiétude, une très jolie jeune fille aux yeux clairs ...
Embarquement immédiat à bord du coucou en plastique de Ryanair !
Ah il est loin le temps des équipements « bioniques » de la Japan Air Lines ! Sur Ryanair, pas de places attribuées, rien pour déposer ses papiers, toutes les structures sont en plastique bleu nuit, dans le cockpit, deux rangées de trois sièges bien serrés les uns contre les autres ... et surtout, ces publicités impromptues et polluant ce plaisir du voyage. On nous propose cigarettes, alcool et jeux à gratter !
Le ciel deviendrait-il aussi tentateur et perverti que les Enfers ?
Dans deux heures je serais loin de ces profanes sollicitations.
9h20 - L'avion décolle ...
Candy et Beauvais...
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