Une nuit, un tragique vagabond m'a susurré à l'oreille :
« Ne prépare pas tes plaisirs »
Comment peut on ne pas se réjouir d'un bien à venir ? Je suis affamée de voyage, et mon expédition de la semaine prochaine promet de satisfaire ce besoin aussi naturel, instinctif et vital que peut l'être le boire et le manger. Je sens grandir mon appétit. Je ne jette pas encore un oeil sur le menu. Tout viendra à moi naturellement : les églises, les fraîches ruelles, mon idée de l'Antique, ces fantasmes qui se réaliseront ou s'évaporeront.
Je suis déjà partie là bas. Je n'en garde que des images fugaces. Mais encore vivaces en moi il y a la moiteur de la ville et ce désir ardent de me rapprocher de la Rome encyclopédique et la faire danser.
Il fera encore très chaud (30° en moyenne, et sur le Forum Romanum, en plein cagnard, il faut compter au moins 10° de plus). J'ai trouvé une auberge de jeunesse, près de la Gare, au sud-est du jardin de la Villa Borghèse. Son slogan, the « Rome's classiest and sexiest accommodation » ... voilà qui promet ! Je vais essayer de décentrer mon parcours de moi, ne pas totalement succomber à la tentation d'une contemplation masturbatoire, et aller à la rencontre d'autres « affamé(e)s ». Nous verrons si mon Narcisse acceptera la concurrence.
Je veux revoir Le Bernin. Voilà ma seule figure imposée.
En 2005, je suis allée seule à la Villa Borghèse. Il fallait réserver au guichet une heure (et pas plus) de visite, la galerie n'acceptant que 50 visiteurs à la fois dans son sein.
En entrant , j'ai pris la mauvaise direction, et ai fait le parcours à rebours. Ainsi j'étais seule quand je suis rentrée dans le petit salon occupé par Apollon et Daphné. J'ai connu et aimé ce chef d'oeuvre dans la vieille encyclopédie d'art de ma mère. La page est d'ailleurs toute racornie, usée par mes regards gourmands et mes mains qui effleuraient sans cesse la médiocre reproduction.
Je suis restée bouche bée. Presque tremblante, pas du tout préparée à me confronter à cette incarnation d'un rêve fondateur, je suis restée là, transie, pendant de longues minutes. Puis, sans m'en rendre compte, les larmes coulent, le coeur bat la chamade, les jambes tremblent...
L'extase ? Ce fut la première fois que je pleurais devant une œuvre d'art.
Ce choc, j'aimerai le retrouver.
Mais là encore, il m'est conseillé de ne rien préparer ...
« Ne prépare pas tes plaisirs »
Comment peut on ne pas se réjouir d'un bien à venir ? Je suis affamée de voyage, et mon expédition de la semaine prochaine promet de satisfaire ce besoin aussi naturel, instinctif et vital que peut l'être le boire et le manger. Je sens grandir mon appétit. Je ne jette pas encore un oeil sur le menu. Tout viendra à moi naturellement : les églises, les fraîches ruelles, mon idée de l'Antique, ces fantasmes qui se réaliseront ou s'évaporeront.
Je suis déjà partie là bas. Je n'en garde que des images fugaces. Mais encore vivaces en moi il y a la moiteur de la ville et ce désir ardent de me rapprocher de la Rome encyclopédique et la faire danser.
Il fera encore très chaud (30° en moyenne, et sur le Forum Romanum, en plein cagnard, il faut compter au moins 10° de plus). J'ai trouvé une auberge de jeunesse, près de la Gare, au sud-est du jardin de la Villa Borghèse. Son slogan, the « Rome's classiest and sexiest accommodation » ... voilà qui promet ! Je vais essayer de décentrer mon parcours de moi, ne pas totalement succomber à la tentation d'une contemplation masturbatoire, et aller à la rencontre d'autres « affamé(e)s ». Nous verrons si mon Narcisse acceptera la concurrence.
Je veux revoir Le Bernin. Voilà ma seule figure imposée.
En 2005, je suis allée seule à la Villa Borghèse. Il fallait réserver au guichet une heure (et pas plus) de visite, la galerie n'acceptant que 50 visiteurs à la fois dans son sein.
En entrant , j'ai pris la mauvaise direction, et ai fait le parcours à rebours. Ainsi j'étais seule quand je suis rentrée dans le petit salon occupé par Apollon et Daphné. J'ai connu et aimé ce chef d'oeuvre dans la vieille encyclopédie d'art de ma mère. La page est d'ailleurs toute racornie, usée par mes regards gourmands et mes mains qui effleuraient sans cesse la médiocre reproduction.
Je suis restée bouche bée. Presque tremblante, pas du tout préparée à me confronter à cette incarnation d'un rêve fondateur, je suis restée là, transie, pendant de longues minutes. Puis, sans m'en rendre compte, les larmes coulent, le coeur bat la chamade, les jambes tremblent...
L'extase ? Ce fut la première fois que je pleurais devant une œuvre d'art.
Ce choc, j'aimerai le retrouver.
Mais là encore, il m'est conseillé de ne rien préparer ...
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