Embarquement immédiat !
4h05 – non 5h05 ... je ne sais plus, mais quoi qu'il en soit c'est bien trop tôt...
Je n'ai pas assez dormi depuis ces dernières 48 heures. Nous quittons nos chambres avant le lever du soleil pour prendre le premier ferry en partance pour Paros. Départ prévu à 7h30. Nous nous rendons au mythique Port du Pirée en métro, avec d'autres argonautes aux lourdes valises.
La station est très haute de plafond, vitrée comme nos gares parisiennes. Elle s'ouvre sur une place peu éclairée mais déjà très animée à cette heure si matinale : des petits marchands derrière leur étal fumant offraient de copieux beignets, d'autres vendaient lunettes de soleil et autres indispensables gadgets superflus... Nous traversons une passerelle aussi éclairée qu'un manège de fête foraine pour atteindre les quais. La foule est bigarrée : troupeaux de jeunes gens bruyants aux sacs à dos multicolores, groupes de familles suédoises à la blondeur caractéristique, couples sophistiqués ayant confondu ce port historique avec la Promenade des Anglais, des retraités pressés de monter dans l'énorme panse des ferryboats.
Les navires sont tout simplement gigantesques ! De véritables vaisseaux, aux proportions démesurées, avalaient à rythme régulier des bancs compacts de touristes. Nous montons à bord d'un ferry rouge aux couleurs d'une marque de téléphonie. Nous serons « Vodafonautes » pendant les quatre heures de traversée.
Combien cette arche pouvait-elle contenir de passagers ? Des centaines ? Bien installées dans nos sièges, chacune d'entre-nous tachât de récupérer un peu de sommeil, d'écrire quelques cartes-postales, de se détendre un peu ou de lutter contre le mal de mer... Je fis le tour de l'immense cabine. Il y avait une petite cafétéria, une boutique souvenir, un second étage réservé aux détenteurs de billets VIP, et un ponton vers lequel je ferais de nombreux aller-retours.
Une mer envoutante ... qu'on m'attache à un mât !
J'ai enfin compris ce qu'entendait Homère en comparant le bleu profond et inquiétant des eaux grecques aux yeux de la déesse Athéna. La couleur glauque. La mer est d'une rare beauté depuis le ponton. Brillante. Changeante. Effrayante. Dommage que le spectacle soit saboté par le vrombissement des moteurs du navire. Je rêve des héros mythologiques qui bravèrent ces eaux troubles pour conquérir toisons d'or et bien-aimées. Si je continuais, je verrais presque l'ombre du Kraken nous poursuivre. Par contre, Iris (+ d'infos en angl. ici) nous accompagnait bel et bien. Son nimbe coloré dessinait un cercle presque parfait ... Tout simplement magique. Chaque écume, reflet, odeur, devenait un signe divin. La traversée dura assez longtemps pour étancher mon imagination galopante. Je dû m'arrêter car la nausée me prenait presque à trop regarder ces flots ondulants (et a subir les assauts d'un vent violent).
Les terres approchaient enfin. Nous arrivions au port de Parikia.
Arrivée sur l'île de Paros
Nous accostons sans accroc dans l'une des plus grande ville de l'île, Parikia. Le vent ne s'est toujours pas apaisé, et semble même avoir redoublé d'intensité. Le Bus 3 ne sera là que dans deux heures. Nous sommes quelque peu contrariées et pressées de poser nos bagages. Longue et pénible attente en perspective. Je reste muette. Je m'en veux un peu. Nous sommes entourées d'impatients voyageurs à moitiés nus et de commerçants désabusés reconnaissant à peine en vous la gangue d'humanité qui entoure votre porte-monnaie.
Le bus arrive enfin. Il nous offre une petite virée sur les hauteurs de l'île. Je la contemple avec gourmandise. Il faut croire que je voyage ainsi, les yeux ouverts, captant chaque relief, chaque vestige, la moindre lumière, grossissant et goûtant chaque émotion qui naît de ces observations.
Enfin arrivées à Aliki ! Instinctivement je me demande déjà comment combler ces sept journées de vacances. Inquiétude très vite effacée par le souffle d'Eole, à mesure que les heures s'étireront mollement. Je reprends mes esprits et me répète en silence ce mot d'ordre "NE FAIT PAS, SOIT".
La location est simple, spacieuse, située à deux pas de la mer et et à quelques minutes du petit centre. Valises posées, nous passons nos premières heures à la mer avant que le soleil se couche. Les filles se baignent. Je reste pensive sur la petite plage. Je suis rêveuse, mais heureuse d'être là.
Le soir, nous dînons pour la première fois (et pas la dernière) au restaurant Le Balcon, où rapidement nous nous lierons d'amitié avec le patron, Costa. La terrasse est tant bien que mal mise à l'abri des bourrasques, mais un petit moulin à vent indique que les éléments ne nous laisserons pas de répit ce soir.
Au menu : concombre, tomates, olives, oignons, fêta, câpres, bouchées de courgettes frites, pastèque ... Un festin.
Petit moment d'éternité consommé avec avidité en bonne compagnie.